Daniel Léveillé amorce sa carrière de chorégraphe en 1976. En 1982, le Conseil des Arts du Canada l\'honore du prix Jacqueline-Lemieux soulignant la qualité de sa démarche artistique. En 1991, il fonde la compagnie Daniel Léveillé Danse après avoir longtemps œuvré comme chorégraphe indépendant.

Dans un contexte de recherche parallèle à la production professionnelle, il occupe un poste régulier de professeur au Département de Danse de l\'Université du Québec à Montréal, et ce, depuis 1988. Se qualifiant lui-même de pur produit des années 1970, Daniel Léveillé est issu du groupe Nouvelle Aire, une compagnie et un laboratoire de création dirigés par Martine Époque. Il acquiert sa formation de danseur principalement auprès de Linda Rabin et approfondit, avec Françoise Sullivan, artiste visuel et chorégraphe, les enjeux de la création. Soucieux de l\'intégrité du geste de création, Daniel Léveillé a délibérément choisi de travailler à l’abri des contraintes et des exigences d’une compagnie de tournée. Ce qui ne l’a pas empêché de tracer sa voie au sein de la danse canadienne et d\'y devenir une référence incontournable en création chorégraphique.

Parmi ses nombreuses créations, Le Sacre du printemps (1982), Les Traces no I, II, III, IV, V, VI * (1989), L’Exil ou la Mort ** (1991), et Utopie (1998) sont des œuvres repères dans son parcours de chorégraphe.

Figure marquante de la danse-théâtre canadienne au tournant des années 1970, il opte dans les années 1980 pour une approche plus formaliste, voire minimaliste de la danse où la répétition compulsive du geste, la rapidité dans l’exécution ou, au contraire, son extrême lenteur caractérisent son écriture et son style. Bien que la théâtralité et le langage répétitif soient encore présents dans ses dernières œuvres, l’écriture tend de plus en plus à saisir le corps dans sa physicalité pour en restituer l’éloquence brute.

 

Son énergie créatrice lui vient des émotions induites par des rencontres amoureuses souvent singulières, et ce qui innerve son écriture et sa création est la déroute tantôt douloureuse tantôt jubilatoire de l\'amour.

Ce qui l\'amène dans Utopie, une œuvre pour dix-sept interprètes, à vouloir saisir le mouvement du désir, au plus près de sa source, source qu\'il trouve au contact des jeunes de la rue qui ont cette capacité de rêver, de se projeter dans le vide, de défier la mort. Avec Utopie, sa recherche chorégraphique s\'est ouverte à un mouvement de vie différent du sien, qu\'il compare à cette énergie vitale qui est le propre de l\'adolescence et qu\'il retrouve chez certains jeunes danseurs professionnels.

Dans sa plus récente création, Amour, acide et noix, il poursuit sa recherche avec quatre jeunes interprètes, trois hommes et une femme, en privilégiant la dynamique du couple comme structure de composition. Deux à deux, les corps se reconnaissent, se touchent, se portent et se laissent entraîner dans la chute inévitable du mouvement. Petites danses d\'une infinie tendresse malgré l\'aspérité du quotidien, le poids des corps et la dureté implacable de la vie. L\'humanisme omniprésent dans l\'œuvre de Daniel Léveillé ouvre, ici, la porte de l\'intime pour dire son engagement dans la vie.

* Présenté au Festival Danse Canada (1992) et au Festival International de Nouvelle Danse (1989). ** Présenté au Festival International de Nouvelle Danse (1991).